Pharmacie / Hygiène

Infirmiers hygiénistes : les EHPAD bretons optent pour la mutualisation


Publié le Lundi 14 Juin 2021 à 09:57

Depuis maintenant cinq ans, l’Agence Régionale de Santé (ARS) et le CPias Bretagne multiplient la création de postes d’infirmiers hygiénistes mutualisés pour les EHPAD. Une approche dont les bénéfices ont été clairement perceptibles avec la crise sanitaire. Leur nombre devrait donc rapidement tripler pour couvrir la majorité des 500 établissements de la région.


Le 16 mars dernier, les infirmiers mutualisés de Bretagne se sont retrouvés à Saint-Brieuc pour l’une de leurs journées d’échanges. © CPias Bretagne
Enjeu majeur pour lutter contre la propagation du SARS-CoV-2, les problématiques d’hygiène dans les établissements sanitaires et médico-sociaux ont bénéficié ces derniers mois d’une mise en lumière inédite. Face à l’urgence de la situation, de nombreuses initiatives se développent plus vite qu’à l’accoutumée. C’est notamment le cas en Bretagne, où le projet d’instauration d’un maillage territorial d’infirmiers hygiénistes mutualisés en EHPAD, porté par l’ARS et animé par le CPias, a pris un tournant majeur. 

Un relais dans les EHPAD

Lancée en 2015, l’initiative, qui regroupait quinze infirmiers pour environ 150 établissements en novembre 2020, bénéficie de nouveaux crédits permettant la création de 29 nouveaux postes d’ici la fin de l’année 2021. « La création de ces postes est née d’un besoin : celui d’avoir un relais hygiène dans les EHPAD afin de limiter les infections associées aux soins, notamment autour des Infections Respiratoires Aiguës (IRA) et des Gastro-Entérites Aiguës (GEA) », raconte Isabelle Gelebart, directrice adjointe en charge de la veille et sécurité sanitaires à l’ARS Bretagne. « Depuis deux ans, nous essayons d’étendre le dispositif à tout le territoire », complète la responsable. 

Une démarche accélérée par la crise sanitaire

Cela devrait bientôt être chose faite, puisque l’ARS a annoncé, fin 2020, la mobilisation de 2,9 millions d’euros sur deux ans pour lancer 29 nouveaux recrutementset atteindre un total de 44 infirmiers, qui devraient alors pouvoir couvrir la majorité de ce territoire comptant 500 établissements. « L’épidémie de Covid-19 a mis en évidence la très grande plus-value, pour les EHPAD, de disposer de cette compétence en matière de prévention et de prise en charge du risque infectieux », explique l’ARS dans le communiqué annonçant la mesure. 

« Même si des clusters ont été identifiés un peu partout sur le territoire, force est de constater que les établissements bénéficiant de ces infirmiers ont clairement eu plus de ressources pour gérer la crise. Relais ô combien importants, ces professionnels de l’hygiène ont permis aux équipes d’être moins démunies face au virus », relate Isabelle Gelebart. Au CPias régional, les équipes en charge du suivi de ces établissements font le même constat : « Au printemps 2020, nous avons enregistré trois à quatre fois plus d’appels que pendant toute l’année 2019,se souvient Fabienne Day, cadre de santé au CPias Bretagne. Nous avons eu au téléphone tous les EHPAD de la région, sauf ceux suivis par les Infirmiers Diplômés d’État (IDE) mutualisés. Ils se sont en effet naturellement tournés vers ces référents ».

Des infirmiers dorénavant associés aux EOH

Ces infirmiers ont quant à eux pu compter sur les instances territoriales, le CPias mais aussi, pour certains, les Équipes Opérationnelles d’Hygiène (EOH) des établissements de santé. Depuis 2015, le montage du réseau prévoyait l’attribution par l’ARS de crédits à des groupements d’EHPAD, fédérant en moyenne une dizaine d’établissements chacun et formés pour répondre à l’appel à projets. Le salaire de l’infirmier hygiéniste était alors pris en charge par l’ARS pendant les deux premières années, avant d’être assumé par les structures bénéficiaires. Mais les infirmiers qui intervenaient dans les groupements d’EHPAD étaient aussi très souvent isolés des autres hygiénistes du territoire. « Ceux qui sont affiliés à des EOH ont pu bénéficier de leur appui. Ils ont, surtout, pu échanger beaucoup plus régulièrement avec leurs confrères », constate Fabienne Day, également en charge de l’animation du réseau au CPias Bretagne. Devant le succès de ces coopérations, l’ARS a décidé de modifier l’attribution des crédits en les distribuant, pour cette nouvelle vague de recrutements, non pas à des groupes d’EHPAD, mais à des établissements de santé pivots en gériatrie. « Les infirmiers seront suivis par les EOH de ces établissements », assure Anne-Sophie Légier-Vassard, infirmière de santé publique à l’ARS Bretagne. 

Le DARI comme premier pas

Moins isolée, cette nouvelle vague d’infirmiers bénéficiera donc d’un plus grand appui dans ses missions, parmi lesquelles la mise à jour du Document d’Analyse du Risque Infectieux, ou DARI. « Obligatoire dans les établissements médico-sociaux, le DARI n’est pas forcément à jour, voire inexistant. C’est donc le plus souvent la première mission de l’infirmier hygiéniste », constate Fabienne Day. « En partant de ce document, ils peuvent établir un plan d’actions basé sur des formations, des supports informatifs, des réunions… Comme tout infirmier hygiéniste, ils sont également présents en appui pour tout ce qui concerne la méthodologie, l’évaluation, l’audit, le conseil, la rédaction de procédures, le protocole et l’aide en cas d’épidémie », complète Anne-Sophie Légier-Vassard.

Tout un réseau pour se coordonner

Outre les EOH, les nouveaux infirmiers hygiénistes recrutés cette année pourront profiter de tous les outils développés depuis six ans par le CPias qui, en lien avec le GCS CAPPS (structure régionale d’appui à la qualité des soins et à la sécurité des patients), coordonne et anime le réseau. Quatre fois par an, les infirmiers mutualisés se retrouvent ainsi pour une journée d’échanges. Problématiques de terrain, formations possibles, actualités… Les thèmes traités y sont multiples. Depuis un an, ces spécialistes de l’hygiène revoient ainsi le DARI pour l’adapter à leurs structures. « Datant de 2013, ce document n’était plus forcément en adéquation avec les pratiques actuelles. Il nous a donc paru important de l’actualiser tout en tenant compte des spécificités de notre territoire et des établissements concernés », explique Fabienne Day. 

En place depuis six ans, le réseau s’est également doté d’outils numériques avec, en premier lieu, une plateforme d’échange qui permet l’envoi de fichiers et de messages à tous les membres, qu’ils y soient présents depuis plusieurs années ou quelques semaines. Car c’est bien là l’un des atouts majeurs lors de la création de ces nouveaux postes d’infirmiers hygiénistes dans les EHPAD bretons : les professionnels recrutés auront la possibilité d’intégrer des structures déjà existantes. Que ce soit au travers des EOH ou du réseau en place depuis 2015, ces nouveaux hygiénistes bénéficieront ainsi d’un appui pérenne, en particulier sur les problèmes du quotidien, afin qu’eux, comme les EHPAD, ne se retrouvent pas isolés.



Article publié dans le numéro de janvier d'Ehpadia à consulter ici
 


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